Texte et images par Nouria Zeggani – Le Local Epicerie participative Nyon
Comment parler des Jardins des Ochettes https://jardindesochettes.com/ sans évoquer Cécile et Philippe ?
Le Jardin des Ochettes, c’est avant tout leur jardin, un lieu né de leur passion commune. (https://jardindesochettes.com/qui-sommes-nous/) Ensemble, ils ont créé leur propre paradis botanique, un projet de vie à la croisée de leurs sensibilités et de leurs expertises.
Qui sont-ils ?
Philippe Gendret a grandi entouré de plantes. À 60 ans, il peut fièrement dire qu’il travaille avec elles depuis plus de 50 ans. Son amour des végétaux remonte à son enfance, influencée par son grand-père et un jardin botanique situé près de chez lui à Genève. Philippe a suivi une formation agromonique et exploré plusieurs domaines liés, comme le traitement des eaux. Plus récemment, il s’est formé en herboristerie à l’Ecole des Plantes L’Alchémille à Sion-VS, approfondissant sa fascination pour les multiples usages des plantes médicinales.
Cécile Ehrensperger, elle, a d’abord étudié la sociologie et l’anthropologie à Lausanne, développant un intérêt pour les cultures et les savoirs anciens. Cet amour pour les traditions l’a menée à découvrir les propriétés cachées des plantes. Elle a suivi une formation en herboristerie à l’Ecole des Plantes L’Alchémille (Sion-VS) et elle a également obtenu en 2022 un diplôme de phytothérapeute à La Mandorle (Colombier-NE).
Un jardin, une maison, un projet de vie
Le Jardin des Ochettes est bien plus qu’une passion : c’est un projet de vie. Leur jardin est à la fois un lieu d’expérimentation et de réflexion sur des enjeux modernes : la localité, le changement climatique et les ressources naturelles.
Pour cultiver, ils s’inspirent de diverses techniques respectueuses de la nature : calendrier lunaire, biodynamie, Feng Shui et géobiologie. Leur maison, rénovée dans le respect des mêmes valeurs écologiques, est une vitrine de leur engagement. En 2020, ce projet de rénovation bioclimatique leur a valu le Prix citoyen de la transition écologique, décerné par SEFA, un producteur d’énergie renouvelable. Tout est pensé pour réduire leur impact environnemental, de la consommation d’eau et d’énergie à l’isolation.
En 2022, ils ont pris une année sabbatique pour voyager à vélo, reliant le Portugal à la Géorgie. Sur leur route, ils ont rencontré des producteurs bio de plantes médicinales, enrichissant leurs savoirs avec des techniques traditionnelles et des récits inspirants. ( https://looking4plants.ch/ )
Des jardins et des cueillettes
Autour de leur maison, Cécile et Philippe ont organisé trois jardins qui reflètent leur vision holistique et leur passion pour les plantes :
Le jardin de l’abbaye de Saint-Gall
Ce jardin s’inspire du célèbre plan médiéval de l’abbaye de Saint-Gall, une référence historique pour les jardins monastiques. Il rassemble des plantes médicinales et aromatiques typiques de cette époque, utilisées autrefois pour soigner, cuisiner et prier. Ce jardin est une véritable plongée dans l’histoire, où chaque plante raconte une anecdote sur l’usage des végétaux dans les traditions européennes.
Le jardin social
Cette œuvre de Philippe est le fruit de ses recherches approfondies sur les plantes locales du Jura. Lors de ses études, il a recensé plus de 46 espèces médicinales endémiques, présentes du sommet du Mont-Tendre jusqu’aux plaines maraîchères. Ce jardin expérimental accueille 26 de ces plantes, où Philippe observe leurs interactions, leur sociabilité et leurs besoins spécifiques :
Quels végétaux se renforcent mutuellement lorsqu’ils sont cultivés ensemble ?
À quels moments précis doivent-ils être plantés ou récoltés pour maximiser leurs propriétés ?
Ce jardin est une exploration continue de la « sociologie des plantes », où la science se mêle à l’observation pratique.
Le jardin du curé
Plus classique, ce jardin rassemble des plantes médicinales et aromatiques bien connues, comme la menthe, le romarin ou le cassis. Il s’agit d’un espace à la fois pratique et pédagogique, où ils cultivent des plantes essentielles à leurs tisanes, tout en explorant de nouvelles variétés.
Le choix du site, en montagne, n’est pas anodin. Philippe et Cécile sont convaincus qu’un environnement plus difficile – avec le froid, le vent et les variations de température – oblige les plantes à développer leurs propriétés pour survivre, renforçant ainsi leurs qualités médicinales.
Par exemple, des buissons d’aubépines et de roses protègent les rangées de menthe, chanvre et cassis contre les éléments. Malgré les défis, le romarin prospère toute l’année dans ce climat rude, un véritable exploit pour cette plante méditerranéenne.
La complémentarité des cueillettes sauvages
Cependant, leurs tisanes ne se limitent pas à ces jardins soignés. La moitié des plantes qu’ils utilisent proviennent de cueillettes sauvages dans la région, notamment autour de Mollens et du Mont-Tendre. Chaque saison apporte son lot de trésors naturels, récoltés à la main avec soin et dans le respect des ressources locales.
Leurs pratiques de culture et de cueillette respectent les cycles lunaires et s’inscrivent dans une démarche écologique. Par exemple, le tilleul qu’ils utilisent provient de Niedens-above (VD), et la bruyère des Diablerets, toujours sans produits chimiques. Ils travaillent à obtenir la certification Bio Bourgeon Suisse, un gage supplémentaire de leur engagement en faveur de la qualité et de la durabilité.
Un engagement local et durable
Installés à Mollens (VD), un village de moins de 300 habitants au pied du Jura, en lisière de forêt, Cécile et Philippe cultivent et récoltent dans un cadre préservé. Leur production, sans produits chimiques, est certifiée par Bio Bourgeon Suisse, une certification qu’ils espèrent obtenir définitivement d’ici 2026.
En suivant les cycles de la nature et en valorisant les ressources locales, ils produisent des tisanes d’une qualité exceptionnelle, fruits d’un savoir-faire mêlant science et tradition. Ils sont par ailleurs au premier plan des observations liés aux changements climatiques, et chaque année en même temps que leurs plantes s’adaptent, ils s’adaptent.